TELEMAQUE Hervé
Né le 5 novembre 1937
Biographie
Peintre français contemporain d’origine haïtienne, associé au courant de la Figuration narrative.
Peintre français né à Port-au-Prince, Hervé Télémaque aime à tracer, en une sorte d’inventaire ambigu et mystérieux, les images les plus banales et les objets les plus quotidiens, cela non point pour les charger de leur pouvoir expressif habituel, mais au contraire pour les couper et les isoler de leur contexte en suggérant, comme le souligne Anne Tronche (L’Art actuel en France, 1973), « d’aller au-delà des apparences afin d’acquérir cette vision latérale des choses dans laquelle le fait visuel et le langage interfèrent ». Étudiant à l’Art Student League de New York avant de s’installer à Paris, Télémaque participe en 1964 à l’exposition Mythologies quotidiennes en compagnie de Rancillac, de Monory, de Klasen, d’Erró...
Comme la plupart de ces artistes, Télémaque part d’une imagerie et d’une technique analogues à celles du pop art, et s’apparente au style de James Rosenquist et de Oyvind Fahlstrom. Cependant, si l’intrusion de la bande dessinée et du cartoon de Walt Disney, l’intégration d’objets de consommation (sous-vêtements féminins, ustensiles ménagers), la mise en page glacée, l’usage de couleurs stridentes et le report photographique sont autant d’emprunts au pop, la force critique des œuvres de Télémaque ainsi que le climat poétique, voire ésotérique, qui s’en dégage lui sont tout à fait personnels. Optant pour une simplification de plus en plus grande de la composition et pour un certain durcissement de la facture, l’artiste fait disparaître la figure humaine de son œuvre, abandonne tout lyrisme pour ne conserver qu’un nombre réduit d’éléments formels. Tentes de camping, coffres-forts béants, ciseaux gigantesques qui envahissent la toile, poids, sous-vêtements, titres qui sont autant de pièges, cannes d’aveugle acquièrent une fixité et un système de relations picturales par lesquelles l’artiste les détourne de leur signification extérieure ou anecdotique pour ouvrir les portes d’un monde caché et déconcertant.
Territoire (Au nom de l’amitié), Signal (Vache à eau), Son et autre, L’Armoire rose, Élévation rose... (Gai savoir), Objets usuels pour V. V. Gogh, toutes ces œuvres ont été exposées à la galerie Mathias Fels à Paris, en 1971. Depuis Selles, Maisons rurales, exposées en 1979 et en 1981 à la galerie Maeght à Paris, il enrichit ses collages de courbes qui favorisent un jeu sensuel des couleurs. Cependant, le noir devient la couleur dominante de ses collages, assemblages et dessins exposés sous le titre évocateur de Fusain et marc de café. Deuil, le dessin, l’objet à la galerie Louis Carré & Cie en 1994. L’ensemble de son œuvre a donné lieu à deux monographies, l’une par Anne Tronche (2003) et l’autre par Henri Griffon (2005).
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« Mon travail procède souvent de parties très différentes : il y a des années baroques, et des années de retenue. » Avec soixante-quinze peintures, dessins, collages, objets et assemblages, la rétrospective de l’œuvre d’Hervé Télémaque est l’une des plus importantes consacrées à l’artiste français d’origine haïtienne. Elle dévoile pour la première fois au Centre Pompidou toute la diversité et la cohérence d’un œuvre exigeant et d’une impressionnante force plastique.